L’Anses classe un métabolite du chlorothalonil « non pertinent » pour l’eau
Cette proposition de l'agence française de sécurité sanitaire concernant le chlorothalonil aurait pour conséquence un relèvement de la limite de qualité pour l’eau potable, ce que dénonce Générations Futures.
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Dans un avis publié à la fin d'avril, l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, a réexaminé la pertinence (1) de deux métabolites du chlorothalonil, un fongicide interdit en France et dans l’Union européenne depuis 2019, par rapport aux eaux destinées à la consommation humaine (EDCH). Le premier métabolite est dénommé par la communauté scientifique R471811 et le deuxième, R417888.
« À l’issue de l’évaluation de l’ensemble des étapes de la méthodologie […], le classement proposé pour le métabolite R471811 du chlorothalonil est “non pertinent pour les EDCH” », a ainsi conclu l’Anses. L’autre métabolite R417888 est, quant à lui, considéré par l’agence comme « pertinent pour les EDCH ».
De 0,1 à 0,9 µg/l
« Les conclusions de cette expertise ont pour objectif d’appuyer les autorités sanitaires (Direction générale de la santé et agences régionales de santé) dans leurs décisions à ce sujet », précise l’Anses. En effet, le caractère pertinent ou non d’un métabolite par rapport aux EDCH implique une différence dans les limites de qualité : de 0,1 µg/l pour les métabolites pertinents, elle passe à « une valeur indicative » de 0,9 µg/l pour les métabolites non pertinents. De quoi amener des changements dans la gestion de l’alimentation en potable par rapport à cette molécule, parmi les plus détectées dans les eaux destinées à la consommation humaine, selon un rapport de l’Anses en 2023.
Une évaluation « très incertaine »
« Ce nouveau classement permettra d’avoir de meilleures statistiques sur les taux de conformité de l’eau potable, tout comme le permettra également le déclassement des métabolites du S-métolachlore », dénonce Générations Futures, dans un communiqué de presse publié le 23 mai dernier. L’association relève également que cette classification entraînera l’exclusion du métabolite dans le calcul du total pesticide. Ce paramètre, fixé à 0,5 µg/l, ne prend pas en compte les métabolites jugés non pertinents.
Elle dénonce enfin une évaluation « très incertaine », notamment sur les risques de cancérogénicité et de perturbation endocrinienne. « L’Anses passe outre ces incertitudes et fait le choix de ne pas appliquer le principe de précaution dans ces situations », considère-t-elle.
(1) Selon l’Anses : « un métabolite est jugé pertinent s’il y a lieu de considérer qu’il pourrait engendrer (lui-même ou ses produits de transformation) un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur. »
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